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EBIOS RM : Une approche structurée pour gérer les risques liés à la sécurité de l’information




Introduction

Dans un monde où les cyberattaques sont de plus en plus fréquentes et sophistiquées, la gestion des risques liés à la sécurité de l’information est devenue une priorité stratégique. Il ne s’agit plus seulement de mettre en place des bonnes pratiques générales, mais d’identifier et d’atténuer les menaces spécifiques aux actifs critiques de l’organisation.

La méthodologie EBIOS Risk Manager (EBIOS RM), développée par l’ANSSI, répond parfaitement à cette nécessité. Elle propose une approche structurée, alignée sur la norme internationale ISO 27005, pour identifier, analyser, et traiter les risques liés à la sécurité de l’information. Cet article explore en profondeur les cinq ateliers d’EBIOS RM, leurs objectifs, les acteurs à impliquer, ainsi que des astuces pratiques pour maximiser leur efficacité.



Comprendre EBIOS RM

Une méthodologie stratégique et opérationnelle

EBIOS RM se distingue par sa double capacité à répondre aux enjeux stratégiques (alignement avec les objectifs métiers) et opérationnels (traitement des vulnérabilités techniques spécifiques). Contrairement à une simple checklist de conformité, elle encourage une analyse ciblée, adaptée au contexte de l’organisation.


Une analyse proportionnée aux enjeux

L’un des principes fondamentaux d’EBIOS RM est que l’analyse de risques doit être proportionnée aux objectifs fixés. Elle ne cherche pas à couvrir l’ensemble des risques potentiels, mais à se concentrer sur les scénarios critiques.


Alignement avec l’ISO 27005

EBIOS RM est conforme à la norme ISO 27005, qui fournit un cadre général pour la gestion des risques liés à la sécurité de l’information. Là où ISO 27005 définit les principes, EBIOS RM offre des outils pratiques pour les appliquer efficacement.



Les ateliers/worshops collaboratifs d’EBIOS RM

EBIOS RM repose sur cinq ateliers interconnectés, conçus pour structurer chaque étape de l’analyse. Ces ateliers impliquent des participants clés, qui apportent leur expertise et leur connaissance des actifs critiques, des menaces, et des processus.




Atelier 1 : Cadrage – Poser les fondations

Cet atelier initial est essentiel pour définir le cadre de l’analyse et garantir que tous les participants partagent une vision commune.


Objectif de l’atelier

Le cadrage vise à définir le périmètre, les actifs critiques et les hypothèses de l’analyse. Il fixe également les objectifs de sécurité, tels que la confidentialité des données, la disponibilité des services, ou l’intégrité des systèmes.


Participants
  • Responsables métiers : Ils précisent les objectifs stratégiques et les actifs critiques.

  • Équipe IT : Fournit une vue technique des infrastructures et des dépendances.

  • Équipe de sécurité : Apporte son expertise sur les menaces potentielles.

  • Direction : Valide les priorités stratégiques.


Étapes clés
  1. Identifier les actifs critiques : Par exemple, pour une plateforme e-commerce, cela pourrait inclure les données clients, les serveurs et les API de paiement.

  2. Cartographier les interdépendances entre actifs primaires et supports.

  3. Formaliser les hypothèses : Par exemple, exclure les systèmes de test ou limiter l’analyse aux environnements de production.


Astuces pratiques
  • Documentez toutes les hypothèses : Cela évite les malentendus et facilite les ajustements ultérieurs.

  • Utilisez des outils visuels : Les diagrammes ou schémas simplifient la cartographie des actifs.



Atelier 2 : Identification des Sources de Risques – Comprendre les menaces

Cet atelier est une étape clé pour anticiper les menaces. Il identifie les sources de risques susceptibles de cibler les actifs critiques.


Objectif de l’atelier

Cet atelier consiste à identifier les menaces internes, externes et environnementales, à comprendre leurs motivations et à déterminer les actifs ou objectifs qu’elles visent.


Participants
  • Responsables métiers : Apportent leur connaissance des processus critiques.

  • Analystes en cybersécurité : Identifient les menaces techniques et leur faisabilité.

  • RSSI ou Direction : Garantissent l’alignement stratégique.


Étapes clés
  1. Catégoriser les sources de risques : Les menaces peuvent être internes (employés malveillants ou négligents), externes (hackers, concurrents) ou environnementales (catastrophes naturelles, pannes techniques).

    Exemple : Un concurrent pourrait lancer une cyberattaque via un fournisseur tiers.

  2. Analyser les motivations des attaquants : Par exemple, les hackers recherchent souvent un gain financier, tandis que les acteurs étatiques visent des objectifs stratégiques.

  3. Associer les sources aux actifs : Chaque source de risque doit être liée aux actifs qu’elle peut cibler.


Astuces pratiques
  • Impliquer les parties prenantes dès le début : Leur expertise garantit une vision complète des menaces.

  • S’appuyer sur des scénarios connus : Utilisez des exemples d’incidents passés pour enrichir l’analyse.

  • Visualiser les menaces : Les matrices de risques facilitent la communication et la priorisation.



Atelier 3 : Élaboration des scénarios stratégiques – Relier menaces et actifs

Objectif de l’atelier

Cet atelier vise à relier les sources de risques identifiées aux actifs critiques en construisant des scénarios stratégiques. Ces scénarios synthétisent les impacts potentiels des événements redoutés sur les objectifs de sécurité, tels que la confidentialité, l’intégrité ou la disponibilité des actifs. L’accent est mis sur l’évaluation de l’impact des menaces, sans entrer encore dans les détails techniques des vulnérabilités ou des chemins d’attaque.


Participants

La réussite de cet atelier repose sur une collaboration étroite entre plusieurs parties prenantes :

  • Responsables métiers : Ils aident à modéliser des scénarios réalistes basés sur les processus critiques et les interdépendances métier.

  • Équipe sécurité : Identifie les menaces exploitables et relie ces dernières aux actifs critiques.

  • Direction ou RSSI : Valide les priorités des scénarios en fonction des objectifs stratégiques et des impacts organisationnels.


Étapes clés
1. Définir les scénarios stratégiques

Un scénario stratégique décrit comment une menace identifiée peut provoquer un événement redouté ayant un impact significatif sur un actif critique. Il relie directement une source de risque, ses intentions et les objectifs métiers menacés.

Points à considérer :

  • Quelle est la menace identifiée ? (ex. : un hacker ou un employé négligent)

  • Quel est l’objectif de la menace ? (ex. : voler des données, interrompre un service, nuire à la réputation)

  • Quels actifs sont concernés ? (ex. : base de données client, système de gestion interne)

  • Quels sont les impacts métiers possibles ? (ex. : perte de revenus, atteinte à la conformité réglementaire)

Exemple pratique :Un scénario pourrait décrire comment un hacker pourrait exploiter une vulnérabilité dans une API de paiement pour accéder à des données financières. L’impact stratégique serait une perte de confiance des clients, une violation des réglementations RGPD et un risque financier lié à des sanctions.


2. Prioriser les scénarios

Tous les scénarios n’ont pas la même criticité. Une matrice d’analyse d’impact et de probabilité est utilisée pour classer les scénarios en fonction de leur pertinence.

Impact : Quels seraient les dommages (financiers, opérationnels, réputationnels) si le risque se concrétisait ?Probabilité : Quelle est la fréquence attendue ou la plausibilité de l’événement ?


3. Formaliser les Scénarios Stratégiques

Chaque scénario doit être documenté de manière claire, en précisant :

  • La source de risque.

  • Les actifs concernés.

  • L’impact potentiel.


Astuce pratique : Des diagrammes ou cartes des scénarios stratégiques permettent de visualiser les menaces globales et leurs implications.



Atelier 4 : Analyse des scénarios opérationnels – Explorer les chemins d’attaque

Objectif de l’atelier

Cet atelier approfondit les scénarios stratégiques en se concentrant sur les chemins d’attaque exploitables. Contrairement à l’atelier précédent, qui analyse les impacts métiers, cet atelier examine en détail les vulnérabilités spécifiques (techniques ou organisationnelles) des actifs critiques.


Participants

Une expertise technique est essentielle pour cet atelier, avec la contribution des parties suivantes :

  • Équipe IT : Fournit des détails sur les configurations des systèmes et les technologies en place.

  • Experts SSI : Identifient les vulnérabilités exploitables et proposent des chemins d’attaque plausibles.

  • Responsables métiers : Valident les impacts métier des chemins d’attaque détaillés.


Étapes clés
1. Analyser les chemins d’attaque

Chaque scénario stratégique est décomposé en chemins d’attaque opérationnels. Ces chemins décrivent les étapes spécifiques qu’un attaquant pourrait suivre pour exploiter une vulnérabilité.


Points à explorer :

  • Quels points d’entrée permettent à la menace d’interagir avec l’actif ? (ex. : une interface utilisateur ou un accès distant non sécurisé)

  • Quelles étapes sont nécessaires pour atteindre l’objectif ? (ex. : obtenir des identifiants via un phishing, puis escalader les privilèges pour accéder à une base de données)


Exemple pratique :

Dans le scénario stratégique d’un hacker ciblant une API, le chemin d’attaque opérationnel pourrait inclure :

  • Identifier une vulnérabilité non corrigée dans l’API.

  • Exécuter des requêtes malveillantes pour accéder à des données sensibles.

  • Exfiltrer les données via un canal externe.


2. Identifier les Vulnérabilités

Associer chaque étape du chemin d’attaque à une ou plusieurs vulnérabilités spécifiques. Ces vulnérabilités peuvent être :

  • Techniques : Logiciel obsolète, configuration incorrecte, absence de contrôle d’accès.

  • Organisationnelles : Absence de sensibilisation des employés, procédures inadaptées.


3. Évaluer les chemins d’attaque

Chaque chemin d’attaque est évalué selon deux critères :

  • Probabilité : Quel est le niveau de compétence requis pour exploiter la vulnérabilité ? Quel est le niveau de motivation de l’attaquant ?

  • Impact : Quels sont les effets potentiels sur l’organisation si l’attaque réussit ?


Astuces pratiques
  • Priorisez les vulnérabilités critiques : Concentrez l’analyse sur les vulnérabilités les plus exploitables ou celles présentant les impacts les plus graves.

  • Utilisez des outils de simulation : Des solutions comme des logiciels d’analyse de risques ou des environnements de test permettent de valider la faisabilité des chemins d’attaque.

  • Impliquez les experts techniques : Assurez-vous que l’équipe IT et les experts en cybersécurité travaillent ensemble pour éviter des biais ou des oublis dans l’analyse.

  • Standardisez vos évaluations : Utilisez une grille commune pour évaluer les impacts et probabilités, ce qui facilite les comparaisons et priorisations.



Atelier 5 : Traitement des Risques – Proposer des Mesures

Objectif de l’atelier

Cet atelier a pour objectif de définir des mesures concrètes visant à réduire, transférer, éviter ou accepter les risques identifiés, en fonction des priorités et des objectifs de sécurité de l’organisation.


Participants
  • RSSI et Direction : Valident les décisions stratégiques.

  • Experts métiers : Intègrent les mesures dans les processus opérationnels.

  • Équipe IT : Implémente les solutions techniques.


Étapes clés
  1. Proposer des mesures adaptées : Par exemple, corriger une vulnérabilité logicielle ou souscrire une assurance cyber.

  2. Planifier les actions : Définir les priorités, les délais et les responsables.


Astuces pratiques

  • Priorisez les mesures "quickwins" : Donnez la priorité aux actions qui atténuent rapidement les scénarios les plus critiques.

  • Favorisez les mesures transversales : Implémentez des solutions qui couvrent plusieurs scénarios à la fois, comme l’authentification forte ou la segmentation réseau.

  • Associez des responsables aux actions : Assignez chaque mesure à un propriétaire clairement identifié pour garantir sa mise en œuvre.

  • Adaptez les livrables aux parties prenantes : Préparez des rapports synthétiques pour la direction et des documents détaillés pour les équipes opérationnelles.

  • Vérifier l'efficacité des mesures : Testez les mesures envisagées pour vérifier leur efficacité avant leur déploiement à grande échelle.



Conclusion

EBIOS RM est une méthode robuste et adaptable, idéale pour répondre aux enjeux de sécurité modernes. En impliquant les parties prenantes clés à chaque étape et en se concentrant sur les scénarios critiques, elle transforme la gestion des risques en un levier stratégique pour les organisations.

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